Reportages sur la violence contre les personnes LGBTA

LGBTA est l’acronyme utilisé pour représenter les lesbiennes, homosexuels, bisexuels, transgenres et allosexuels. Selon la recherche menée par le chef de file des études sur les LGBTA aux États-Unis, les homosexuels, les communautés LGBTA de couleur, les jeunes et les jeunes adultes LGBTA, en particulier les communautés transsexuelles font l’expérience de formes graves de violence de partenaire intime. (1) Bien qu’elles soient toutes basées sur le pouvoir et le contrôle à des niveaux personnels ou systémiques, les raisons sous-jacentes aux différentes expériences de violence dans ces communautés peuvent varier. Dans certains cas, elles peuvent découler de la non-conformité aux normes relatives aux sexes (c.-à-d. crime de haine). Dans d’autres cas, par exemple pour la violence du partenaire intime, les causes sont liées aux dynamiques des relations interpersonnelles.

Comme pour les autres fiches-conseils, ce feuillet fait partie d’un processus collectif continu qui vise à engager les voix communautaires dans notre travail. La présente version est la version pilote du portail médiatique conçu pour engager d’autres conversations et rassembler des sources communautaires supplémentaires dans le projet. Cette fiche-conseil se fonde surtout sur les trucs pertinents présentés dans le Media Reference Guide de GLAAD. (2)

Obtenez le consentement

1) Obtenez le consentement d’une personne avant de présenter son identité transsexuelle*, son statut chirurgical, son historique de transition, son orientation sexuelle ou sa relation avec une personne de même sexe au public, parce que ces révélations pourraient mettre cette personne en danger. (3)

Vérifiez avec la personne ou la source les détails qu’il vous est permis d’inclure dans l’histoire.

Plusieurs personnes ne comprennent pas ce que le terme « officieux » veut dire. Par exemple, certaines personnes pensent que le fait de demander à un journaliste d’éteindre son enregistreuse correspond à ne pas dévoiler la conversation. À l’occasion, des sources reçoivent un vrai choc lorsqu’elles lisent l’article publié et se sentent trahies. Assurez-vous de respecter les désirs de la personne et d’inclure seulement les renseignements avec lesquels elle est à l’aise..

Couvrir la violence d’un partenaire intime et la violence sexuelle

  • Fournissez un aperçu de la violence du partenaire intime en ayant recours aux experts. Le problème de la violence sexuelle contre les allosexuels n’est pas encore reconnu au sein de la communauté plus large (4). Interrogez des défenseurs de la cause, des fournisseurs de services et des chercheurs : ils peuvent présenter un aperçu important pour ces aspects de votre histoire. Vous pouvez aussi interviewer des survivants/victimes, qui peuvent présenter leurs expériences vécues. Ces voix devraient être présentées de façon respectueuse. Pour de plus amples renseignements sur la façon d’interviewer respectueusement les survivants, veuillez lire les neuf (9) trucs essentiels de Femifesto (5)
  • Utilisez un cadre de pouvoir et de contrôle. La violence du partenaire intime est plus qu’un incident unique et fait fréquemment partie d’un modèle d’abus qui s'accroît au fil du temps. Souvent, la supposition voulant qu’un homme soit l’agresseur et qu’une femme soit la victime ne peut pas être utilisée pour déterminer qui est la victime et qui est l’auteur du crime dans les situations de violence de partenaire intime. (6) L’agression qui se produit dans les relations des allosexuels ne peut pas être généralisée et jugée de « mutuelle ». Le fait de se « battre mutuellement » se produit rarement (7). Le sexe ne mène pas à la violence. La volonté du pouvoir et du contrôle mène à la violence. (8)
  • Ne mêlez pas le problème en fusionnant le sexe et la violence. Les agressions et les comportements violents ne correspondent pas à sexualité et comportements sexuels. La violence sexuelle et la violence basée sur le sexe correspondent à des modèles de pouvoir et de contrôle, et ne sont pas liées au sexe. Le bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme (BDSM) ne constitue pas de l’agression; ce sont des activités sexuelles consensuelles et ne devraient pas être confondues avec les agressions. (9)

Couvrir les crimes contre les personnes LGBTA

  • Déterminez si rapporter la sexualité d’une personne ou si l’identité de son sexe est pertinent pour l’histoire. Le conseil du Media Reference Guide de GLAAD est que « si vous ne rapporteriez pas l’orientation sexuelle d’un suspect hétérosexuel, appliquez une norme uniforme pour les suspects LGBT. » (10)
  • Évitez de blâmer la victime. Le Media Reference Guide de GLAAD note que « présumer qu’une victime ouvertement allosexuelle ou transsexuelle est en partie ou complètement responsable d’être attaquée, ou qu’une attaque était justifiée à cause d’une avance romantique ou sexuelle non voulue… engendre la discrimination et peut entraîner des enquêtes criminelles ou légales partiales. » (11)

Couvrir les communautés atteintes du VIH, du SIDA et les LGBTA

5)Les personnes atteintes du VIH et du SIDA ont un risque plus élevé de faire l’expérience de la violence basée sur le sexe et peuvent faire face à des obstacles plus grands pour accéder au soutien lié aux problèmes de violence. Le Media Reference Guide de GLAAD fournit des conseils précis à propos de ce problème (traduction) :

  • « La transmission du VIH est liée à des comportements précis à risque élevé qui ne sont pas exclusifs à une orientation sexuelle ou à une identité sexuelle particulière.
  • GLAAD suggère ce qui suit : « évitez les termes qui peuvent directement ou indirectement miner les personnes qui vivent avec le VIH en présentant des personnes allosexuelles en opposition à d’autres à risque de contracter le VIH, par exemple, les références à la « population générale » sont typiquement utilisées pour suggérer que les homosexuels, les bisexuels et/ou d’autres HSH devraient être considérés de façon séparée et à part des stratégies plus larges de prévention et de traitement. » (12)

Utilisez une langue soignée – terminologie et auto-identification

Auto-identification : En décrivant les gens, utilisez la terminologie qu’ils utilisent pour se décrire eux-mêmes. Par exemple, demandez-leur de préciser le pronom qu’ils utilisent (par exemple, il, elle, ils, je, etc.). En racontant l’histoire des personnes transsexuelles avant leur transition, soyez uniforme dans l’utilisation que vous faites des pronoms :

  • N’utilisez pas l’ancien pronom de la personne (c.-à-d., le sexe que la personne a reçu à la naissance)
  • Plutôt, utilisez le pronom actuel de la personne, même en parlant du passé.
  • N’utilisez pas les guillemets autour des pronoms : Le Media Reference Guide de GLAAD note « que ce n’est jamais approprié de placer des guillemets autour du nom choisi par une personne transgenre ou un pronom qui reflète l’identité du sexe de cette personne. » (13)

Glossaire de termes

Plusieurs termes différents peuvent être utilisés par les journalistes pour être respectueux des personnes et identités des LGBTQ. Le tableau ci-après est adapté du Media Reference Guide de GLAAD. Nous vous encourageons à lire le Media Reference Guide de GLAAD qui contient un glossaire complet de termes et de termes offensants à éviter (Glossary of Terms and offensive terms to avoid). (14)

Glossary of Terms
Utilisation préférable Utilisation problématique
Personnes transgenres, une personne transgenre, transgenre (utiliser comme adjectif, et non comme nom) Transgenre, un transgenre, transsexuel
Transition Changement de sexe, avant l’opération, après l’opération
Personne transgenre, femme transgenre, homme transgenre she-male, tranny, cela ou ça, gender-bender (changeur de sexe), hermaphrodite, travesti, transman, transwoman, passe, fait semblant, pose
gai, lesbienne, bisexuel, personne transgenre, queer ou allosexuel Homosexuel (15)



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Notes

  • 1) Les rapports annuels de la National Coalition of Anti-Violence Programs (NCAVP) sur la violence du partenaire intime LGBTAH sont les seuls rapports de leur genre et les données les plus complètes disponibles sur la violence LGBTAH basée sur le sexe et la violence du partenaire intime aux États-Unis. Ce rapport présente des constatations, des recommandations et des pratiques exemplaires. NCAVP (2013) Intimate Partner Violence in Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender, Queer (LGBTQ), and HIV-Affected Communities in the United States in 2012. Extrait de : http://www.avp.org/storage/documents/ncavp_2012_ipvreport.final.pdf p. 8.
  • 2) GLAAD Media Reference Guide GLAAD. (2010). Media reference guide. http://www.glaad.org/files/MediaReferenceGuide2010.pdf
  • 3) Patterson, L., (2004), l’étude Model Protocol on Working with Friends and Family of Domestic Violence Victims note qu’il est important de toujours confirmer la confidentialité, y compris la non-divulgation de l’information, même à un ami ou à un membre de la famille, p. 7
  • 4) Albright, M. & Alcantara-Thompson, D. (2011)
  • 5) Femifesto Reporting on Sexual Assault: a Toolkit for Canadian Media, 2013
  • 6) Albright, M. & Alcantara-Thompson, D. (2011)
  • 7) Western Washington University Consultation and Sexual Assault Support – Same Sex Violence http://www.wwu.edu/pws/same_sex_violence.shtml
  • 8) Ibid
  • 9) Ibid
  • 10) GLAAD Media Reference Guide, 2010, p. 31
  • 11) Ibid, p. 32.
  • 12) Ibid, p. 34
  • 13) Ibid, p. 11.
  • 14) Ibid, pp.10-12
  • 15) Le Media Reference Guide de GLAAD, (2010), explique « qu’à cause de l’histoire clinique du mot ‘homosexuel’, il est utilisé agressivement par les extrémistes homophobes pour suggérer que les homosexuels sont, d’une certaine façon, malades ou qu’ils souffrent d’une maladie psychologique/émotionnelle », des notions qui ont été discréditées par l’American Psychological Association et l’American Psychiatric Association dans les années 1970 », p. 12. The Associated Press, The New York Times et The Washington Post restreignent l’utilisation du terme « homosexuel. »

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