Violence conjugale

La violence conjugale est une forme de violence (physique, psychologique, sexuelle) commis par des conjoints marié-e-s, séparé-e-s, divorcé-e-s, de droit commun, des couples et d'autres partenaires intimes. La violence conjugale se produit dans les relations hétérosexuelles et homosexuelles et chez les hommes, les femmes et les personnes trans. Cependant, les auteur-e-s les plus souvent rapportés par la police de violence contre les femmes sont leurs anciens ou actuels partenaires hommes.(1)

Ce que vous devez savoir

La violence conjugale va au-delà de l'histoire d'une famille ou d'un incident ; elle fait partie d'un problème plus important dans la société. Chaque histoire de violence - et les cas qui retiennent l'attention des médias sont souvent des mesures ou des meurtres-suicide - est l'occasion de fournir des informations et de résister à des stéréotypes, même si vous avez un délai très court. Voici quelques suggestions pour vous aider avec vos reportages sur les incidents impliquant la VC :

Les conseils suivants sont inspirés et tirés de « Telling the Full Story: An Online Guide for Journalists » (« Raconter l'histoire complète : un guide en ligne pour les journalistes couvrant la violence domestique », avec la permission du Rhode Island Coalition to End Violence Against Women (La Coalition de Rhode Island pour la fin à la violence contre les femmes). Consultez le guide en ligne ici : http://dvonlineguide.org/en/

Cherchez à éduquer

Aidez à répondre aux questions les plus fréquentes : Beaucoup de personnes ignorent que les femmes sont plus à risque de violence meurtrière au moment où elles quittent un conjoint violent, et ne savent pas ce qu'elles peuvent faire si quelqu'un dans leur vie est victime de violence. Votre reportage peut aider les gens à identifier et combattre la violence dans leur propre vie. Questions à poser :

  • Quels sont certains des signes avant-coureurs d'une escalade de la violence ?
  • Comment est-ce que la violence à la maison touche les enfants ?
  • Pourquoi est-il difficile pour les victimes de la violence de quitter en toute sécurité ?
  • Où peut-on trouver de l'aide ?

Donnez un aperçu de la violence conjugale en consultant des expert-e-s : la violence conjugale va au-delà d'un seul incident. Elle fait généralement partie d'un schéma d'escalade de la violence, du pouvoir et du contrôle qui met les membres les plus vulnérables de la famille - notamment les femmes, les enfants et les aîné-e-s - à risque. Les défenseur-e-s, des fournisseur-e-s de services et les chercheur-e-s peuvent aider à fournir un contexte à cette facette de votre reportage. Inclure les survivant-e-s comme des experts est également utile, mais cela doit être fait avec respect et uniquement si elles/ils sont intéressé-e-s à participer à une entrevue.

Interviewer les survivant-e-s, ami-e-s, familles et connaissances

Parler aux survivant-e-s - lire les conseils de Femifesto sur comment interviewer les survivant-e-s pour plus de conseils sur la conduite d'entretiens attentionnés qui protègent la sécurité des victimes/survivant-e-s.

Si vous parlez à des amis, des voisins, des collègues d'un-e survivant-e / victime, dressez un portrait global de la personne. Faites la même chose lorsque vous parlez de comment prévenir la violence à l'avenir. Les réponses et les réactions des témoins peuvent inclure le déni et le manque de connaissance de la situation. Des réponses typiques :

  • « Ces choses-là n'arrivent pas ici »
  • « Ils semblaient être comme un couple heureux »
  • Plutôt que de poser des questions sur l'incident de violence, posez-leur des questions, telles que »:
  • Quel impact la victime avait dans votre vie ?
  • Qu'est-ce qu'il / elle voulait dire pour vous ?
  • Qu'est-ce qui pourrait empêcher que cela ne se reproduise plus ?
  • Pour plus de conseils lisez les questions de la COCVFF pour les familles et ami-e-s de victimes.

    Évitez de citer des connaissances. Il peut être difficile d'obtenir un commentaire, mais citer ceux qui ne sont pas proches de la famille peut être trompeuse et nuisible. De plus il n'ajoute pas d'informations ou de faits à votre reportage. Ces commentaires ont tendance à renforcer les mythes populaires sur les homicides entre partenaires intimes, à savoir qu'ils sont des actes imprévisibles et aléatoires.

Poser les bonnes questions

➢ Posez des questions sur des antécédents de violence conjugale. La majorité des homicides entre partenaires intimes se produisent après l'escalade des comportements violents. Pourtant, la violence conjugale, en particulier les cas de meurtre-suicide, sont souvent traités comme des tragédies privées plutôt que des problèmes sociaux évitables. Ceci est particulièrement vrai lorsque les enfants sont également tués. Interviewez des experts, la famille, les collègues et ami-e-s pour interroger sur des signes avant-coureurs et comment la communauté et les institutions sociales auraient pu réagir différemment. Questions potentielles :

  • Il y avait-t-il un historique de contrôle dans leur relation ?
  • Avez-vous vu des signes d'intimidation et / ou de violence ?

Faites un reportage équilibré

Soyez prudent avec des sources émotionnellement impliquées proches de l'auteur. La famille et les amis endeuillés de l'auteur-e peuvent essayer d'excuser l'inexcusable et décrire l'agresseur-e uniquement comme une personne bonne et bienveillante. Envisagez d'équilibrer ceci avec l'opinion d'experts, puisqu'il est courant pour les auteurs de violence conjugale de projeter une image non-violente à l'extérieur de leur relation avec la victime / survivant-e.

Voir l'article d'Isabelle Côté et de Simon Lapierre décrivant ce discours des « bons » dans l’article suite.

Évitez de blâmer la victime

Mettez l'emphase sur les éléments suivants au lieu de sur les actions les défauts présumés de la victime :

  • Les actions de l'agresseur
  • Comment la violence est un problème systémique ou historique
  • Les homicides entre conjoints et autres actes de violence ne sont pas causés par ce que la victime a fait ou n'a pas fait. Plutôt, ils font partie d'un ensemble plus vaste et plus complexe de pouvoir, de contrôle et d'inégalité dans la société.

Choisissez vos mots avec soin

➢ Utilisez un langage qui décrit fidèlement l'homicide (2) : Évitez les mots et expressions qui impliquent que l'accusé-e était dans un tel état de passion, de colère, ou de désespoir jaloux qu'il/qu'elle ne pouvait pas avoir eu l'intention de tuer la victime, et, par conséquent, il/elle ne devrait pas être tenu entièrement responsable. Des études ont montré que les homicides entre partenaires intimes, plus souvent que les autres homicides, comprennent des éléments de préméditation et ne sont donc pas des gestes posés à l'improviste. (3) Des exemples de ces expressions :

  • « Craqué »
  • « Perdu la tête »
  • « Dans le feu de l'action »
  • « Crime passionnel »

Soyez respectueux. Ce sont les vies de personnes réelles. Personne ne veut être la cible de langage sensationnaliste ou voire leur histoire exploitée pour l'effet dramatique. Ces événements peuvent être intenses et choquants, et ils n'ont pas besoin d'être exagérés.

Utilisez la recherche pour étoffer votre reportage

Mettez la violence en contexte avec des données : les gens peuvent être surpris par les histoires de la violence conjugale, mais c'est un phénomène qui est encore largement présent dans la société canadienne. La VC n'est limitée ni à une classe sociale, ni à une religion ni non plus à une communauté racialisée particulière. Les inégalités sociales ont un impact variable sur les individus et font que certains groupes, telles les femmes et les filles autochtones, subissent des taux anormalement élevés de violence, incluant la violence conjugale. Utilisez les données de la police locale ou provenant d'autres sources pour montrer comment le problème est répandu, et ainsi raconter une histoire plus complète.




***


Notes

  • 1) Statistics Canada (2013).
  • 2) Fairbairn, J. (2008).
  • 3) Dawson, M. (2006).

Works Cited & Consulted

  • Dawson, M. (2006). Intimacy and violence: Exploring the role of victim-defendant relationship in criminal law. The Journal of Criminal Law and Criminology, 96(4). Extrait de : http://scholarlycommons.law.northwestern.edu/cgi/viewcontent.cgi?article...
  • Fairbairn, Jordan. (2008). “I loved her…I killed her”: The construction of intimate partner homicide in Canadian print media. (Master’s thesis, University of Guelph).
  • Fairbairn, Jordan and Myrna Dawson (2013). “Canadian news coverage of intimate partner homicide: Analyzing changes over time.” Feminist Criminology 8(3): 147-176.
  • Rhode Island Coalition Against Domestic Violence. (2012). Telling the full story: An online guide for journalists covering domestic violence. Extrait de : http://dvonlineguide.org/en/
  • Statistics Canada. (2013). Measuring violence against women: Statistical trends. Extrait de : http://www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/2013001/article/11766/11766-1-eng.htm